Avec Ecomanifestations Alsace, les festivals s’engagent aussi pour la planète

Écrit par sur juillet 30, 2018

La plateforme Ecomanifestations Alsace accompagne depuis 2011 les organisateurs d’événements culturels et artistiques en Alsace, et les incite à adopter une démarche plus responsable : tri des déchets, valorisation des producteurs locaux… Les pistes de travail sont nombreuses, d’autant plus pour des manifestations, comme le festival Summer Vibration de Sélestat, ou le festival Summerlied, qui accueillent des centaines voire des milliers de personnes. 

Adopter des gestes écoresponsables chez soi, c’est bien ; prolonger cet engagement en festival, à la kermesse de l’école des enfants ou lors de la fête du village, c’est encore mieux.

La plateforme Ecomanifestations Alsace, devenue association en 2015, conseille et accompagne les organisateurs de festivals, dans le Grand Est, qui en font la demande ; car entre la gestion des déchets, de la consommation d’énergie, la sensibilisation du public au tri sélectif, la valorisation des producteurs locaux… les organisateurs ont souvent fort à faire.

C’est là que Lou Egret, Pierre Muller et Dorothée Dumortier, les trois salariés de l’association, entrent en jeu. L’accompagnement qu’ils proposent se traduit par exemple par la mise à disposition d’un annuaire des « écoprestataires » alsaciens, qui liste des acteurs locaux engagés dans une démarche « écoresponsable », comme l’imprimerie solidaire Im’serson, les Jardins d’Altaïr qui produisent des légumes certifiés ECOCERT, ou encore le traiteur Vertu’ose, qui utilise des produits locaux et de saison.

Dorothée Dumortier, Pierre Muller et Lou Egret sont les trois salariés de l'association Ecomanifestations Alsace, créée en 2015. (Document remis)
Dorothée Dumortier, Pierre Muller et Lou Egret sont les trois salariés de l’association Ecomanifestations Alsace, créée en 2015. (Document remis)

Une « charte d’engagement » pour inciter les organisateurs de festivals à adopter des comportements plus écoresponsables

Parmi les outils également mis en place par la plateforme, une « Charte d’engagement des écomanifestations », lancée en octobre 2017, qui valorise l’engagement concret des organisateurs de festivals et de manifestations.

Signée en juillet 2018 par 38 signataires (dont le Marathon du Vignoble d’Alsace, la Rentrée des associations ou encore la Fête du Monde à Saverne), la Charte liste l’ensemble des petites et grandes actions pouvant être mises en place par un organisateur de festival ou de manifestation : utiliser de la vaisselle compostable, servir des boissons via des bouteilles consignées, mutualiser le matériel (de sonorisation par exemple) avec d’autres associations ou organisateurs d’évènements, organiser du covoiturage ou des navettes pour les bénévoles ou les visiteurs…

La Charte d'engagement d'Ecomanifestations Alsace liste une centaine d'actions en faveur d'une plus grande écoresponsabilité dans l'organisation d'un festival ou d'une manifestation. (Capture d'écran)
La Charte d’engagement d’Ecomanifestations Alsace liste une centaine d’actions en faveur d’une plus grande écoresponsabilité dans l’organisation d’un festival ou d’une manifestation. (Capture d’écran)

En s’engageant à respecter un certain nombre de points cités dans la Charte, l’organisateur peut ainsi obtenir trois niveaux différents de labellisation. En Alsace, le festival Summer Vibration à Sélestat a par exemple obtenu le niveau 2 ; le salon BiObernai a quant à lui obtenu le niveau 3 en 2017, en s’engageant au total à respecter 76 points.

Pour obtenir le label, chaque organisateur d’événement doit s’acquitter de la somme de 100 euros ; pour les festivals dont le budget dépasse les 30 000 euros, le coût de l’engagement auprès d’Ecomanifestations Alsace passe à 300 euros.

Lou Egret, salariée de l’association, précise que l’attribution du label repose surtout sur la confiance avec l’organisateur de la manifestation, et réfute l’idée d’un « flicage » :

Quand on le peut, on se rend sur les lieux pour vérifier que les engagements sont bien tenus, mais nous ne sommes que trois dans l’association donc on ne peut tout vérifier. C’est aussi notre philosophie que de faire confiance ! Plutôt que fliquer les organisateurs et les sanctionner en cas de manquements à leurs engagements, on préfère promouvoir une démarche d’amélioration continue, de pousser les organisateurs à s’améliorer à chaque édition.

Le niveau 1 du label Ecomanifestations s'obtient à partir de 40 engagements validés, 55 engagements pour le niveau 2, et 75 ou plus pour le niveau 3. (Capture d'écran)
Le niveau 1 du label Ecomanifestations s’obtient à partir de 40 engagements validés, 55 engagements pour le niveau 2, et 75 ou plus pour le niveau 3. (Capture d’écran)

D’autant que beaucoup d’entre eux, en tout cas parmi ceux qui se rapprochent d’Ecomanifestations Alsace, sont déjà sensibilisés à la question, et acceptent bien volontiers d’adapter leurs pratiques, malgré des surcoûts éventuels :

Les gens sont quand même de plus en plus sensibilisés à ces thématiques, et puis c’est aussi une question d’image pour les organisateurs : des poubelles qui débordent, des canettes partout, ça ne donne pas envie aux visiteurs de revenir l’année d’après. Alors certes la mise en place de petits gestes comme la location de vaisselle réutilisable coûte un peu plus cher, demande plus de moyens humains, mais globalement les festivals s’y retrouvent !

Ecomanifestations Alsace
Lou Egret sera chargée à partir d’octobre 2018 d’étendre l’action d’Ecomanifestations à l’ensemble de la Région Grand Est. (Document remis)

Depuis le début de l’année, plus de 250 sollicitations

Et le succès de l’association auprès des organisateurs d’événements n’est plus à démontrer : depuis janvier 2018, Ecomanifestations Alsace a été contactée par près de 250 manifestations en Alsace. Lou Egret se félicite de ce succès :

Ça marche bien, et de plus en plus de gens nous contactent pour glaner quelques conseils ou s’engager via notre Charte. Ce qui est satisfaisant c’est qu’on peut accompagner une kermesse d’école, comme un festival de musique ou une marche gourmande. Tout le monde se retrouve à travers notre charte ! On prend le temps de rencontrer les organisateurs, de les conseiller en prenant en compte leurs propres problématiques et leurs besoins spécifiques. Et c’est cela qui plaît !

Dans le reste de la France, d’autres associations mènent des actions similaires : le Collectif des festivals en Bretagne, le RIM (Réseau des Indépendants de la Musique) en Nouvelle-Aquitaine, ou encore le Grand Bureau en Auvergne-Rhône-Alpes. Toutes ces associations se réunissent deux fois par an, sur deux jours, pour échanger.

Moins d'une dizaine d'associations en France mènent des actions d'accompagnement des festivals et manifestations pour les aider à réduire leur impact écologique. (Capture d'écran)
Moins d’une dizaine d’associations en France mènent des actions d’accompagnement des festivals et manifestations pour les aider à réduire leur impact écologique. (Capture d’écran)

Rien cependant de similaire dans le Nord de la France, malgré des demandes, sourit Lou Egret :

Un organisateur de festival dans le Nord nous avait contactés en nous demandant de les accompagner, mais malheureusement nous ne sommes pas assez pour étendre notre action aussi loin ! A la rentrée 2018 nous étendrons déjà notre action d’accompagnement dans tout le Grand Est. Pour le Nord, il faudra attendre un peu encore !