Santé et hygiène féminine : les produits toxiques à éviter !

Écrit par sur octobre 22, 2019

Le 12 octobre dernier a eu lieu la première conférence radio organisée par l’association  » Les Défricheurs  » dans le cadre du Plan Régional Environnement Santé Grand Est portant sur le thème de l’hygiène féminine, la santé et l’environnement : quels produits toxiques à éviter ?

Composition des protections féminines jetables

Qu’est-ce qu’on trouve dans les tampons et les serviettes hygiéniques ? Voilà l’une des questions sur lesquelles se sont penchées plusieurs expertes réunies lors de cette conférence radio animée par Marie Hoffsess, journaliste, naturopathe et conseillère zéro déchet.

Conférence radio  » Santé et hygiène féminine  » au CSC de la Montage verte le 12 octobre 2019 © Photo Les Défricheurs

Une question somme toute bien légitime quand on pense qu’une femme utilisera en moyenne 11 000 tampons ou serviettes au cours de sa vie.

Des pesticides en nombre

Et la réponse est pour le moins inquiétante. Si les cas de chocs toxiques sont rares, les tampons et serviettes renferment néanmoins des substances hautement toxiques et potentiellement cancérigènes qui ne sont contrôlées par aucune autorité sanitaire.

Pesticides, parfums de synthèse, colorants, chlore, phtalates, dioxine. Ce cocktail explosif, susceptible de perturber le système hormonal, est directement en contact avec les muqueuses et finit par s’accumuler dans le corps des femmes.

Et cela ne s’arrête pas là, explique Clémence Pouclet, éco-conseillère et co-fondatrice de L’Avis en vert :

Au-delà de l’aspect santé pour les femmes, ces protections ont également un impact environnemental majeur, tant au niveau du processus de fabrication que de la production de déchets.

Les protections féminines jetables sont fabriquées principalement à partir de coton et de viscose, des matières très sensibles aux parasites et donc grandes consommatrices de pesticides et d’eau.

De plus, ces protections, qui mettent 500 ans à se dégrader, représentent pas moins de 5 kg de déchets non recyclés par an et par personne. Un vrai impact néfaste pour l’environnement.

Vers une hygiène intime écologique et saine

Si le label bio est à privilégier, il existe aussi des alternatives sous forme d’éléments lavables et réutilisables. Parmi eux, on trouve la cup ou coupe menstruelle, coupelle en silicone, latex ou caoutchouc, placée dans le vagin pour retenir le sang menstruel jusqu’à 12 heures.

Suivent les serviettes réutilisables, pratiques et économiques, qui sont rincées à la main et passées en machine à 30° avec le reste du linge.

Ou encore le flux instinctif qui consiste à retenir le sang menstruel dans son vagin avant de l’évacuer aux toilettes comme pour l’urine.

Lise Gérard, intervenante lors de la conférence et créatrice de la marque Lily Basic, a fait le choix des culottes menstruelles, qu’elle propose en coton biologique.

Ses modèles utilisent une fibre végétale issue du bois d’eucalyptus qui régule la transpiration et neutralise les odeurs.

Elle précise :

Ce qui fait l’odeur ce sont les bactéries, à savoir la réaction chimique entre les serviettes jetables et le sang.

Les alternatives naturelles n’ont pas d’odeur et l’investissement de départ est rapidement amorti. Une fois apprivoisés le contact avec le sang et ce nouveau rapport au corps, les femmes s’y retrouvent.

Éducation et prévention, même chemin

Cette problématique environnementale et de santé publique ne touche pas que les femmes.

En France, plus de 95% des parents utilisent des couches jetables et un bébé en consomme en moyenne 4 000 couches pendant les trois premières années de sa vie. Or, là encore, la composition reste très opaque.

Une étude de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) publiée en janvier 2019 dénombrait pas moins d’une soixantaine de substances indésirables dans les couches jetables pour bébés.

Dans le cadre des actions que nous organisons en matière de santé des femmes et d’éducation à l’environnement, nous ne sommes pas dans une logique de culpabilisation et d’injonction à changer brutalement ses habitudes mais bien dans une démarche pédagogique qui, alliée à d’autres initiatives, contribuera à changer les habitudes.

D’un sujet tabou, les règles sont devenues très médiatiques. On ne compte plus aujourd’hui les blogs, publications instagram et ouvrages qui traitent du sujet, appelant à une réappropriation du corps des femmes par les femmes.

Actuellement, 70% des femmes utilisent encore des protections jetables. On peut néanmoins espérer que le ratio va peu à peu s’inverser, pour la préservation de notre santé et de l’environnement de toutes et de tous.

À lire/ à écouter :
– Ma santé, ma planète, mon budget, Clémence Pouclet, Evangéline Barbier, Auxane Maurille-Billon, L’Avis en Vert, 2018.
Tampon, notre ennemi intime, documentaire d’Audrey Gloaguen, France 5, 2017.

* Conférence Radio « Hygiène féminine : les produits toxiques à éviter ! » réalisée avec le soutien du Plan Régional Santé Environnement Grand Est (PRSE3).

Géraldine Grenet